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Depuis plus de 20 ans, l’équipe de ProSono se consacre à la recherche d’alternatives appropriées à la grenadille d’Afrique.
Un ensemble de facteurs continue d’entraîner une pénurie d’approvisionnement en grenadille d’Afrique de qualité musicale (également appelé ébène de Mozambique, mpingo, pau-preto ou ABW en abrégé).
Dans ce contexte, fabricants d’instruments et musiciens reconnaissent la nécessité d’adopter des alternatives, lorsqu’ils ne l’ont pas déjà fait.
Dans cet article, nous vous proposons :
- un bref historique de l’utilisation de la grenadille pour la fabrication d’instruments à vent
- un aperçu des réglementations actuelles qui s’appliquent à la grenadille
- des exemples de réussites dans la recherche d’alternatives durables,
- en particulier le mopane et le bois de plomb africain.
Bref historique : la grenadille et son utilisation pour les instruments de musique à vent
Pour certains instruments à vent, la grenadille a été si largement utilisée qu’il est difficile d’imaginer ces instruments fabriqués dans un autre matériau.
Cependant, si l’on considère l’histoire des instruments de musique dans son ensemble, son utilisation généralisée ne remonte pas à si loin !
Avant le XXe siècle, les instruments à vent en Europe étaient principalement fabriqués à partir de bois locaux, en particulier le buis européen.

Avec l’ouverture des routes commerciales à l’époque du nouvel impérialisme (vers 1870–1914), les marchés européens ont eu accès à des bois durs provenant d’autres parties du monde, notamment d’Afrique subsaharienne.
Le bois de cocotier des Antilles est devenu un choix populaire pour la fabrication des flûtes dans les années 1900, mais les réserves de ce bois se sont rapidement épuisées.
Très vite, les propriétés exceptionnelles de la grenadille d’Afrique pour les instruments à vent ont été reconnues. Dans les années 1920, il était considéré comme le bois de choix pour de nombreux types d’instruments.
Facteurs affectant l’approvisionnement en grenadille
Chez ProSono, nous continuons à proposer des quantités limitées (soumises à une surveillance et à une réglementation très strictes) de grenadille de qualité musicale.
Cependant, divers facteurs contribuent à rendre l’approvisionnement difficile.
Comme beaucoup de problèmes modernes auxquels notre environnement est confronté, la situation est complexe. Voici un résumé de certains des principaux défis.
Exploitation non réglementée
Une menace évidente pour les bois durs africains est l’exploitation négligente et non réglementée.
Par exemple, les bois durs africains précieux sont souvent exploités illégalement et vendus comme bois de chauffage, ou « vendus à bas prix » et expédiés outremer sous forme brute. Les arbres sont abattus en masse, sans sélection.
Veuillez noter qu’à l’inverse, ProSono s’engage à adopter une approche durable et éthique. (Pour plus de détails, veuillez consulter notre page sur nos valeurs et la manière dont nous les mettons en œuvre).
Croissance lente
Il ne s’agit pas simplement d’une diminution du nombre d’arbres. En fait, ces légumineuses poussent facilement. Elles sont présentes dans une grande partie de l’Afrique subsaharienne, avec certaines des réserves les plus riches au Mozambique et en Tanzanie.
Cependant, ces arbres poussent lentement et mettent jusqu’à 60 ans pour atteindre leur maturité. Dans de nombreuses régions, elles ne sont que buissons. Leur croissance lente décourage les plantations commerciales.

La combinaison de ces facteurs rend de plus en plus difficile la découverte d’arbres assez grands pour une exploitation réellement durable et rentable.
Les arbres plus petits ne produisent pas de pièces de bois de qualité suffisante pour la fabrication d’instruments de musique.
Conflit dans le nord du Mozambique
Certaines des plus grandes réserves de grenadille se trouvent dans le nord du Mozambique. Le conflit en cours continue de mettre en danger la population et l’environnement dans cette région.
En particulier, la province septentrionale de Cabo Delgado, riche en gaz naturel, est le théâtre de combats incessants depuis de nombreuses années. En 2017, des insurgés ont attaqué le port de Mocimboa da Praia. Cela s’est produit peu après la découverte de gisements de gaz (et les investissements massifs qui en ont découlés). Les troupes gouvernementales se sont enfuit.
Depuis lors, les affrontements sont devenus fréquents. En 2021, ces évènements ont fait la une de l’actualité internationale, avec une attaque contre la bourgade de Palma qui a causé la mort d’expatriés et de civils locaux.
La situation reste extrêmement instable, avec des combats incessants et des centaines de milliers de personnes déplacées.
Baisse importante de la qualité de la grenadille provenant du Mozambique
Pendant 13 ans, de 1999 à 2012, nous avons acheté et transformé de la grenadille provenant de Cabo Delgado. Cependant, la qualité des grumes n’a cessé de se dégrader.
D’autres fournisseurs ont connu des problèmes similaires. Par exemple, un fabricant français de hautbois nous a fait savoir qu’il avait été contraint de rejeter 80 % des pièces d’une livraison de grenadille provenant d’un fournisseur allemand. Nous ne nous amusons pas à ce jeu. Nous avons compromis que notre image de marque est le fondement et l’avenir de notre Société.
En 2015, les autorités mozambicaines ont interdit toute exportation de grumes (de toutes essences). Cette mesure visait à protéger les ressources et à créer des emplois dans les nombreuses scieries du pays.
Cette mesure n’a guère amélioré la situation. Les opérations illégales n’ont pas toutes cessé et, malheureusement, de nombreuses entreprises locales ont fait faillite. Parmi les défis à relever figuraient la corruption, le manque de connaissances techniques, l’obsolescence des équipements et le manque de motivation du personnel.
D’autres scieries n’ont pas réussi à satisfaire aux exigences de qualité. Le transport lui-même posait problèmes ; certaines scieries expédiaient le bois sous forme de planches plutôt qu’en grumes avec leur écorce, seul véritable moyen de protéger le bois pendant le transport. En conséquence, les planches arrivaient fissurées et sans valeur.
À notre avis, il faudra longtemps avant que de la grenadille de qualité, récoltée légalement et apte à la fabrication d’instruments, soit de nouveau disponible dans la région.
Réglementations actuelles applicables à la grenadille
En 2017, la grenadille, ainsi que tous les Dalbergia, ont été ajoutés à l’annexe II de la Convention sur le commerce international des espèces de bois menacées d’extinction (CITES).
Cette annexe concerne spécifiquement “… les espèces qui, bien qu’elles ne soient pas immédiatement menacées d’extinction, pourraient le devenir sans le contrôle de leur commerce.”
Restrictions sur le commerce de grenadille
Au niveau international, le commerce de grenadille est désormais contrôlé et soumis à des certifications et à des permis à tous les niveaux : exploitation, transport, transformation, exportation et importation.
Les lois varient d’un pays à l’autre. En règle générale, des certificats d’exportation et d’importation sont requis.
Dans de nombreux pays (y compris les pays de l’UE et d’Amérique du Nord), les fabricants d’instruments doivent s’assurer que la grenadille qu’ils utilisent provienne de sources légales et a été importé légalement. Ils doivent également conserver les documents pertinents et les présenter pour inspection si nécessaire.
Transport transfrontalier d’instruments en bois de grenadille.
Pendant plusieurs années, les fabricants d’instruments devaient obtenir des certificats d’exportation coûteux pour expédier des instruments en grenadille à leurs clients internationaux.
Certains musiciens ont même signalé des difficultés à passer les frontières avec leurs instruments.
À compter de novembre 2019, la CITES a toutefois accepté d’exclure les instruments finis de la législation protectrice de la grenadille d’Afrique.
Alternatives durables à la grenadille
Chez ProSono, nous sommes heureux que deux bois africains de haute densité aient été largement acceptés (et continuent de gagner du terrain) comme alternatives durables à l’ébène de Mozambique.
Il s’agit du mopane et du bois de plomb africain (que nous appelons “bois élégant” dans le domaine musical).
Dans sa correspondance avec nous, Jochen Seggelke, de Schwenk & Seggelke, a fait remarquer que “la diversité qui en résulte allège la pression sur un seul type de bois et démontre que les sons musicaux ne doivent pas nécessairement être uniformes. Je considère cela comme un mandat et nous voulons contribuer à promouvoir la diversité tonale et botanique !
À propos du mopane pour les instruments à vent

Le mopane présente des caractéristiques idéales pour toute une gamme d’instruments classiques. Les principaux fabricants de clarinettes ont notamment adopté ce bois pour sa facilité de travail, sa stabilité, et ses qualités sonores et esthétiques.
À propos du bois de plomb africain pour les instruments

Le bois de plomb, ou bois élégant, est un choix de plus en plus populaire pour les flûtes et les instruments folkloriques.
Les clarinettes en bois de plomb offrent également un son magnifique, stabilité et performances durables.
Vous trouverez plus de détails sur le bois de plomb africain et son utilisation pour les instruments de musique dans un de nos récents articles.
Pour plus d’informations sur les alternatives à la grenadille d’Afrique ou pour discuter de vos besoins en bois pour instruments de musique, veuillez contacter ProSono. Nous expédions nos bois de haute densité issus de sources éthiques et durables, découpés de manière experte aux dimensions requises, à des clients du monde entier.